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Rencontres de l’intelligence économique de Défense : les 5 commissions de travail

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Le premier cycle des "Rencontres de l’intelligence économique de Défense (RIED)" lancé le 10 septembre 2025 répond à une ambition forte : fédérer la communauté de l’intelligence économique (IE) dans le secteur de l’industrie de défense, en réunissant les acteurs étatiques, les industriels, l’écosystème académique et l’environnement privé afin de nourrir la réflexion stratégique. Dans cet optique, la direction générale de l’armement (DGA) travaille en étroite collaboration avec l’académie de défense de l’École militaire (ACADEM). 

Cinq thématiques d’étude structurent ce premier cycle des Rencontres, portées par des commissions qui rendront des préconisations opérationnelles : Influence, BITD européenne, Intelligence économique offensive, Intelligence économique territoriale et Renseignement de sources ouvertes. Des auditions et des contributions, sollicitées ou spontanées, vont venir nourrir les travaux de ces commissions, qui s’étendront sur cinq mois. 

Chaque commission travaille de façon indépendante et autonome sur sa thématique d’expertise. Les grandes lignes de ces travaux seront rendues publiques au premier semestre 2026.

L'influence 

Les affrontements contemporains investissent l’espace informationnel. Dans ce champ, l’influence, l’un des piliers de l’IE, désigne l’ensemble des actions visant à façonner les perceptions, orienter les décisions et structurer les récits. Elle trouve son application au profit des politiques industrielles, des technologies de défense, des entreprises stratégiques et des ambitions d’exportation. Elle s’impose désormais comme un vecteur de puissance. La base industrielle et technologique de défense (BITD) française se doit ainsi de prendre en compte ce nouveau paradigme informationnel. 

La création de la commission "Influence" vise donc à réfléchir sur cette fonction stratégique en appui de la politique industrielle de défense française. 

La BITD européenne (BITDE)

La montée des tensions géopolitiques et la dépendance croissante vis-à-vis d’Etats tiers dans les chaînes d’approvisionnement et les technologies critiques contraignent à reconsidérer la posture de souveraineté. Dans ce contexte, une BITDE autonome et résiliente semble s’imposer comme une nécessité stratégique. La montée en puissance des dynamiques capacitaires, la révision des doctrines de défense et l’augmentation des budgets militaires nationaux exigent une structuration plus cohérente de l’industrie européenne de défense. La France, forte d’une BITD complète, autonome et exportatrice, peut jouer un rôle majeur dans l’écosystème : respect de la souveraineté, innovation et garantie de la pérennité des savoir-faire critiques.

Dans ce cadre, les travaux de la commission « BITDE » vont contribuer à la réflexion sur la nécessité stratégique de construire une BITDE autonome, souveraine et résiliente, en s’appuyant fortement sur l’intelligence économique.

 

L’intelligence économique offensive 

L’IE offensive est entendue comme une approche opérationnelle de renseignement en sources ouvertes ayant pour objectif d’accroître notre compétitivité et notre souveraineté. La décision stratégique s’appuie sur des capacités d’anticipation et de détection d’opportunités, en complément d’une maîtrise discrète de l’environnement informationnel pour orienter les jugements de tiers. Les États et les entreprises stratégiques ne se contentent plus de défendre leurs positions : ils adoptent des postures de conquête.

Le rapport des sénateurs Lienemann et Lemoyne a remis en perspective le volet offensif, en ce qu’il est une part déterminante de la manœuvre utile d’intelligence économique. La France est la cible de stratégies combattives : entraves commerciales, extraterritorialité du droit… Cette situation impose un changement de posture. Non agressives, les actions d’IE offensive sont exécutées comme une posture licite de puissance. Elles nécessitent toutefois un cadre clair et une coordination, en capitalisant sur les expériences.

Les travaux de la commission « IE offensive » se concentreront ainsi sur le juste emploi d’une telle doctrine aux fins de sanctuariser l’autonomie stratégique. 

L'intelligence économique territoriale 

La dimension territoriale de l’IE devient un levier de souveraineté à part entière. Les dynamiques de prédation, d’influence ou d’infiltration peuvent s’ancrer dans les territoires. Les écosystèmes d’innovation, les zones d’activités, les clusters industriels et les bassins d’emploi stratégiques appellent à une coordination à l’échelle locale. Les acteurs territoriaux jouent un rôle clé dans l’identification des signaux faibles, la prévention des risques économiques et la mobilisation des ressources stratégiques, en particulier à l’échelon pertinent des départements.

L’IE territoriale s’entend comme l’ensemble des méthodes, outils et réseaux mobilisés pour renforcer le dynamisme d’un territoire, dans sa sphère économique. Appliquée à l’industrie de défense, elle prend la forme d’une démarche coopérative visant à optimiser les interactions en vue de consolider la BITD et d’en renforcer la compétitivité, dans une démarche offensive. 

Dans ce cadre, les travaux de la commission « IE territoriale » contribueront à la réflexion sur la manière dont les dynamiques locales peuvent être mises au service d’une stratégie nationale d’intelligence économique offensive et défensive, au profit de l’industrie de défense.

 Le renseignement de sources ouvertes 

La mondialisation des échanges, doublée de l’explosion d’internet et de l’intelligence artificielle, a bouleversé le paysage de l’information tant dans les contenus que dans les méthodes. En quelques années, il est devenu plus simple, accessible et efficace d’obtenir des données stratégiques par des procédés ouverts. 

Dans un environnement marqué par l'accélération des flux informationnels et une dépendance critique aux solutions technologiques étrangères, le renseignement de sources ouvertes se positionne comme un appui rapide pour les instances dirigeantes. Il impose une clarification du périmètre pour un emploi optimal. 

Le renseignement de sources ouvertes contribue au renforcement de la sécurité économique et technologique, en facilitant une prise de décision opérationnelle, selon des méthodologies de traitement rigoureuses. Il participe également au développement d’une stratégie d’intelligence économique offensive capable d’anticiper l’évolution du contexte, des marchés et de la concurrence de l’industrie de défense. 

Dans ce cadre, les travaux de la commission « Renseignement en sources ouvertes » permettront de mieux comprendre les besoins des différents acteurs de l’industrie de défense et d’identifier les meilleures solutions.

 

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